Dans nos pays développés dans lesquels nous sommes en théorie tous protégés par des lois justes chargées de faire prévaloir une justice… juste, il est facile d’oublier que c’est juste une théorie.


Dernièrement, un crétin de l’Uzbékistan qui travaille pour “Z’OR TV” s’amusait à s’approprier un vidéo YouTube gratuit et libre de droit qui n’est donc évidemment pas à lui, empêchant tout le monde de le publier. Comment ça s’appelle, ça? Ça s’appelle le DMCA. Qu’est-ce que le DMCA? Eh bien, en théorie, vous êtes un chanteur et quelqu’un se fait de l’argent avec votre chanson? Dans le cas de YouTube, vous leur envoyez une notice DMCA, et le vidéo sera effacé (ou, tout l’argent gagné ira à vous). En pratique? Tout le monde peut envoyer des notices DMCA. Oui, n’importe qui. Et tout le système fonctionne en mode “vous êtes coupable jusqu’à ce que vous êtes prouvés non-coupable”. Le résultat est que 99% des notices DMCA sont fausses, invalides, malhonnêtes, et utilisées pour arnaquer les autres.


Parce que le DMCA, en français, c’est la loi de la jungle de la paperasse.


De plus en plus, le DMCA est abusé. À un point tel que si vous avez un vidéo de plusieurs minutes (ou heures) dans lequel 5 secondes de son ou vidéo appartient à quelqu’un d’autre, et qu’on le découvre (grâce à une merdique technologie de YouTube), on peut simplement s’approprier tout l’argent de votre vidéo YouTube (ou soudainement, sans avertissement, votre vidéo est effacé parce qu’il montrait du contenu de… “insérez le nom du voleur ici”). Mais les voleurs ne sont pas seulement des entreprises ou des maisons de disques: Ça peut être n’importe qui. Absolument n’importe qui.


“Pour rappel, ça veut dire qu’un mec vient et prend l’intégralité de l’argent que vous gagnez sur une vidéo parce que vous avez utilisé 10 secondes de musique” -Joueur du Grenier… en 2018.


En 2013, un politicien États-Unien a fait temporairement fermer un accompte YouTube, deux fois, parce que certaines vidéos le critiquaient.


En 2021, Amazon Games envoient une notice DMCA à une personne qui trouve des bogues dans leur jeu. C’est devenu viral, alors ce fut réglé en deux jours. Mais sinon? Sans popularité? Amazon Games aurait “gagné”. Je sais aussi que les notices DMCA ont été utilisées plusieurs fois par des créateurs de “gadgets” quelconques (de Kickstarter, etc.) qui n’étaient pas d’accord avec une critique.


Vous croyez que ça s’est amélioré depuis? Avril 2022, vous receviez une notice DMCA par YouTube et Twitch parce qu’il y avait une sirène de police dans un jeu, parce que “le son de cette sirène appartient à une compagnie qui vend des sons”.


Mais même rien de ça n’est nécessaire pour envoyer une notice DMCA.


En Février 2022, on apprend que depuis deux ans, des gens ont reçu des notices DMCA de “Nintendo”, pour effacer des vidéos des jeux “Kirby”. Après une recherche, on confirme que “Nintendo” (qui, surprise, n’est pas “Nintendo of America, inc.”) est en fait “Association for Promotion of Advanced Broadcasting Services”. Un autre hurluberlu qui s’appropriait des vidéos. Qui est-ce? Personne ne le sait. “Ça pourrait être n’importe qui”.


Enfin, récemment, j’apprenais qu’en Février et Mars 2023, un amateur du jeu “Workers & Resources: Soviet Republic” n’a pas seulement abusé du DMCA de YouTube, il a aussi abusé du DMCA pour faire fermer la page web du jeu, et faire effacer le jeu du magasin en ligne Steamparce qu’il voulait apporter des modifications au jeu et que les créateurs du jeu ne l’ont pas fait comme il le voulait.


Quand les robots de la justice sont mal configurés.


Pour essayer d’avoir plus de “justice”, sur YouTube, en théorie, vous devez envoyer une “contre-notice DMCA”, en disant “non, mon vidéo, c’est à moi”. Même si c’est évident, pour n’importe qui qui regarde quelques secondes de la vidéo, que le contenu est de vous, et pas de l’arnaqueur. En pratique? Vous allez recevoir un message automatisé disant que l’arnaqueur a gagné. Parce que les gens qui s’occupent des notices et des contre-notices DMCA, sur YouTube, ce sont des “robots”. Oui. Le DMCA, en français, c’est la loi de la jungle de la paperasse électronique automatisée. Le tout fort probablement grassement payé par la RIAA/MPAA et autres pour aller voler chaque maudite “cenne” possible aux créateurs qui ont eu la mauvaise idée de mettre 10 secondes de Rihanna (ou la malchance de passer à côté d’une voiture qui faisait jouer 10 secondes de Rihanna) dans leur vidéo ou leur émission de plusieurs minutes voire plusieurs heures pour ensuite se faire dire “tout le travail que t’as fait, il rapporte de l’argent à nous maintenant”.


Vous savez, si quelqu’un dit que c’est facile de se faire de l’argent sur YouTube, je crois savoir pourquoi maintenant: Suffit d’envoyer des notices DMCA sur des vidéos populaires et ensuite, on attend l’argent dans notre compte.


Vous voulez de la justice? Abusez du robot DMCA. C’est comme ça que YouTube fonctionne.


Si je serais un citoyen modèle, je dirais que c’est la dictature de la paperasse électronique automatisée, et qu’on ne peut rien n’y faire. Mais heureusement, je ne le suis pas. C’est la loi de la jungle, parce que le DMCA est fait pour tous. C’est la norme, pour le DMCA, de n’avoir que contre-argument, le DMCA. La justice n’existe pas à DMCA-ville. Elle est remplacée par des messages-avertissements automatisés. La personne qui gagne est simplement la personne qui en envoie le plus. Ce qui nous offre une solution: Former des groupes de dizaines ou de centaines de personnes et (par exemple) inonder “Z’OR TV” de notices DMCA pour faire fermer leur accompte youtube, en leur donnant une bonne dose de leur propre médecine.


On peut aussi choisir de se sentir impuissant devant de foutus e-mails générés par des lignes de code volontairement mal configurées, mais je me demandes bien ce que ça en dit sur notre humanité. Chose sûre, quand un groupe de gens qui inondent des robots de requêtes sont l’unique moyen restant d’avoir un semblant de justice, le système qui gère cette “justice” est à chier.


Ajout: Darknet et le web3, l’anti-DMCA.


Enfin, les “darknets” et surtout le “web3” sont des moyens décentralisés d’héberger des fichiers. L’idée est de ne dépendre de personne pour héberger des fichiers. Ou des sites webs. Ou des programmes. Ou même pour mettre soi-même son propre argent dans un endroit sûr (parce que les “cryptomonnaies” comme Bitcoin, Ethereum et Monero font aussi partie du “web3”). Donc les amateurs de dictatures (incluant les amateurs de DMCA) n’aiment ni le web3, ni le darknet, parce qu’ils n’ont aucun contrôle dessus. Le web3, incluant les cryptomonnaies, fonctionnant un peu comme les fichiers “torrents”, bien connus pour fournir illégalement beaucoup de média audiovisuel et de programmes (etc): Des millions de personnes sont “seed” pour les cryptomonnaies en ce moment, et tant qu’il y aura un seul “seed” qui aura le fichier, les cryptomonnaies fonctionneront. Même chose pour les sites “web3”, que le DMCA le veuille ou non. Et le darknet? Des services cachés, sans aucun moyen de trouver qui possède un quelconque site web. Sans aucun moyen de le censurer, de l’éteindre. Qu’ils le veuillent ou non, de plus en plus de gens seront instoppables.